Il n’est rien qui ait un goût plus amer que la Vérité.
Yiddish
"...Que les Français en grande majorité aient, par référendum, confirmé, approuvé l'abandon de l'Algérie, ce morceau de la France, trahie et livrée à l'ennemi, qu'ils aient été ainsi complices du pillage, de la ruine et du massacre des Français d'Algérie, de leurs familles, de nos frères musulmans, de nos anciens soldats qui avaient une confiance totale en nous et ont été torturés, égorgés, dans des conditions abominables, sans que rien n'ait été fait pour les protéger : cela je ne le pardonnerai jamais à mes compatriotes :
la France est en état de péché mortel. Elle connaîtra un jour le châtiment."
A.JUIN
En 1962, un million de pieds-noirs quitte définitivement l'Algérie. Peu d'entre eux avaient envisagé cette issue dramatique.
Pour qu'ils aient été réduits à cette extrémité, faut-il que l'urgence ait été grande, la peur irrésistible et le désarroi profond !
Rien n'est jamais acquis.
Tout est bataille.
On nous le fait bien voir.
Nous sommes gênants.
On nous efface.
On a bâti une théorie du monde où nous n'avons pas de place.
On nous verse dans le néant avec nos morts, nos espérances et nos souvenirs. "
(Jean Brune)
Le plus grands déplacements
de population du vingtième siècle.
L'excellent film "les harkis".
TRACASSERIES ADMINISTRATIVES
"Ils ont une drôle d'allure, ces passagers en provenance d'Algérie!"
(l'Humanité du 6 janvier 1962)
Le journal La Croix du 24 février 1962, recommandait, au sujet des jeunes rapatriés qu’il fallait :
« …éviter de laisser notre jeunesse se contaminer au contact de garçons qui ont pris l’habitude de la violence poussée jusqu’au crime ».
"Ils fuient. Tant pis !
En tout cas je ne les recevrai pas ici.
D'ailleurs nous n'avons pas de place. Rien n'est prêt. Qu'ils aillent se faire pendre où ils voudront ! En aucun cas et à aucun prix, je ne veux des pieds-noirs à Marseille".
Gaston Deferre
"Ne laissons pas les repliés d'Algérie devenir une réserve du fascisme."
(François BILLOUX, député communiste-l'Humanité du 5 juin 1962)
Guy Mollet, l'ancien président du Conseil, demande au gouvernement qu'on intègre les rapatriés au plus vite pour ne pas les voir grossir les rangs des formations fascistes.
"Ce sont des vacanciers. Il n'y a pas d'exode, contrairement à ce que dit la presse"
Robert BOULIN, conseil des Ministres du 30 mai 1962.
"Une société qui refuse la solidarité envers ses membres est une société qui se décompose."
En cet été 1962, les Français ne songeaient qu'à partir en vacances...
Nous fumes donc chassés comme des vauriens, d'une terre qui était nôtre puisque de plus en plus s'instaure le principe de " droit du sol ".
Sondage I.F.O.P en 1962 :
62% des français de métropole refusent toute idée de sacrifice à l'égard des "Pieds Noirs".
Beaucoup d'entre nous faisaient partie de la quatrième voire cinquième génération née sur le sol algérien.
" plus qu'un crime, une faute "
Ait Ahmed
" les cultures juive et chrétienne se trouvaient en Afrique du Nord bien avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd'hui hégémonistes.
" Ait Ahmed.
" Avec les Pieds-Noirs et leur dynamisme - je dis bien les Pieds-Noirs et non les Français - l'Algérie serait aujourd'hui une grande puissance africaine, méditerranéenne.
" Ait ahmed.
« Ce qu’ils avaient laissé « là-bas, c’était avant tout cette part d’insouciance qui les faisait chanter et rire.
En foulant pour la première fois le sol de la France, ils apprendraient brutalement la signification du mot « demain » dans une situation que personne n’avait pu prévoir et le qualificatif de « Rapatrié » serait apposé à chacun d’eux.
C’était une manière comme une autre de les déposséder à tout jamais de ce sol qui les avait vus naître, de leur dire que jamais il n’avait été leur patrie.
Et l’angoisse les étreignait car déjà la presse progressiste et bon nombre de politiques les avait condamnés.
L’histoire des « pieds noirs » a souvent été déformée car totalement méconnue, remplacée par une histoire coloniale
Ces français sont toujours oubliés et souvent caricaturés 40 ans après un exode dramatique.
Ces français sont toujours oubliés et souvent caricaturés 40 ans après un exode dramatique. Sont-ils difficile à comprendre ?
Ils sont certes différents, tous n’étaient pas colons au sens strict.
Nombreux étaient ouvriers, enseignants, chefs d’entreprise, commerçants.
Il convenait de passer à la trappe le sort des pieds-noirs et de rayer de leur mémoire ceux qui étaient venus, fleur au canon, mourir pour la France.
Quand les métropolitains, en pleine période de vacances, ont vu les rapatriés d’Algérie descendre les passerelles des navires avec leurs vêtements fripés, les yeux hagards, une ou deux valises en carton à la main, pas un seul d’entre eux n’eut une pensée pour cette catégorie des leurs qui, un demi siècle plus tôt, avaient été les principaux artisans de la libération de l’Europe.
« La Croix » du 24 Février recommandait au sujet des jeunes rapatriés
qu’il fallait « éviter de laisser notre jeunesse se contaminer
au contact de garçons qui ont pris l’habitude de la violence
poussée jusqu’au crime».
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bon nombre de politiques les avait condamnés.
la grande aventure des cinq générations des nôtres, ceux qu’on appelait jadis les petits blancs de Bab el Oued avant qu’ils ne deviennent d’affreux colons « à cravaches, montés sur cadillach.
C’est aussi l’histoire banalisée de la souffrance de nombreux adolescents qui n’eurent pas la chance de vivre l’époque insouciante d’une jeunesse au soleil comme a pu la vivre Albert Camus.
Cette histoire fut pour bon nombre d’enfants de ce pays, qu’ils soient arabes, juifs ou européens, un épisode douloureux parsemé de choix, d’engagements et de souffrances.
Nous avons été trahis par ceux que nous aimions, par l’amour d’une France idéalisée et par celui que nous avions appelé pour assurer nos destinées dans la solution la plus française. Avec les Harkis, nous restons l’un des épisodes les plus honteux de l’ histoire de France.
Avec les arabes et les juifs, ils bâtirent et aimèrent avec une égale passion leur terre natale qu’ils assimilaient naïvement à une France sans doute idéalisée et qui n’a peut être jamais existé.
Demain…
si la « rhaïta et le derbooka » remplacent le son du bignou, du fifre et du tambourin, nous les Africains, pour qui « les carottes sont cuites » déjà depuis fort longtemps,
ne seront ni les plus surpris, ni les plus dépaysés.
"...Que les Français en grande majorité aient, par référendum, confirmé, approuvé l'abandon de l'Algérie, ce morceau de la France, trahie et livrée à l'ennemi, qu'ils aient été ainsi complices du pillage, de la ruine et du massacre des Français d'Algérie, de leurs familles, de nos frères musulmans, de nos anciens soldats qui avaient une confiance totale en nous et ont été torturés, égorgés, dans des conditions abominables, sans que rien n'ait été fait pour les protéger : cela je ne le pardonnerai jamais à mes compatriotes :